Les gares-ponts, une performance technique et humaine

L’architecture contemporaine saisissante des gares de Kénitra, Rabat-Agdal et Casa-Voyageurs, a été conçue de façon à modifier en profondeur l’aménagement urbain. Leur structure, recouvrant en partie les voies et les quais, supprime la barrière ferroviaire qui divisait ces villes en deux rives infranchissables, avec d’un côté la gare et ses abords attractifs et de l’autre, une zone souvent délaissée. Ces gares-ponts désenclavent les quartiers, facilitent la mobilité des citoyens, l’accessibilité et l’échange. Intégrées sous une toiture unique, surplombant les voies et la gare, ces grandes dalles sur pilotis sont empruntées par les voyageurs qui accèdent aux quais, mais aussi par les citoyens qui se rendent d’un quartier à l’autre. Les parvis piétons prolongent cette sensation de places urbaines où il fait bon flâner.
À peine plus de deux ans : c’était le délai accordé aux architectes, aux ingénieurs et aux entreprises chargés de la construction complexe de ces bâtiments. Une gageure et un compte à rebours serré mais impératif pour accueillir à temps les premiers trains à grande vitesse de la ligne. L’exécution de ces travaux relève de la performance, car le chantier a été mené sans arrêter la circulation des trains. Ces gares mixtes, réceptionnant lignes à grande vitesse et lignes conventionnelles, n’ont jamais cessé de fonctionner durant toutes les phases de leur construction, et la perturbation du trafic a été évitée au maximum. Des travaux de funambules ont été exécutés au-dessus de lignes électrifiées à 3 000 volts. Des chantiers nocturnes de quelques heures – le temps de stopper l’alimentation électrique des caténaires – ont permis aux grutiers et aux ouvriers de poser les charpentes. Durant la journée, le service aux voyageurs a été maintenu, les quais et les voies étant tour à tour réquisitionnés en fonction des phases de travaux et de l’avancement de l’ouvrage au-dessus des voies. Une véritable prouesse technique et humaine.