Les grandes innovations du génie civil

La construction d’une ligne à grande vitesse est l’occasion d’innovations techniques marquantes. Celle de Tanger-Kénitra en compte trois parmi les plus importantes : l’utilisation de la grave bitume – chaussée composée de gravillons enrobés de bitume – en guise de plateforme, l’intégration d’une structure en acier dans la construction des ouvrages d’art ordinairement édifiés en béton, et les butées antisismiques protégeant les grands viaducs en cas de secousse. Très résistante et performante, la grave bitume est une technologie ordinairement prisée par les entreprises autoroutières. Utilisée récemment dans le domaine ferroviaire, elle assure la stabilité de la voie, offre une meilleure répartition des charges au passage des trains, et sa surface facilite les écoulements d’eau. Elle confère à l’infrastructure une durée de vie proche des cent ans. Mais elle est aussi particulièrement précieuse durant toute la construction de la voie, car elle rend la plateforme carrossable. Les camions et autres engins peuvent y circuler sans dégrader la chaussée, et l’approvisionnement en matériaux du chantier est grandement facilité. Autre innovation : la construction des grands ouvrages d’art réalisée en acier et en béton. Cette structure mixte les rend plus légers et exige moins de piliers. Car le béton utilisé seul oblige à espacer les piliers de 28 mètres seulement, alors que l’acier permet une portée de 56 mètres. Enfin, les butées installées pour pallier les risques sismiques constituent une nouveauté sur certains ouvrages d’art. Sur les viaducs El Hachef et Loukkos, ces énormes blocs en acier empêchent la structure de bouger. En cas de secousse, ces ressorts amortisseurs atténuent la transmission de l’énergie. De plus, les zones à risques sont équipées de capteurs communiquant en temps réel avec les cabines de conduite.